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Do not disturb a drinking man [Ella - Mars 2019 - Oban]
Lettres déposées : 10
Anima : Blaireau
Métier : Soldat - Eclaireur
Thomas Brown
Confrère
Mer 6 Mar - 18:27
Do not disturb a drinking man
Cherche le disparu. Trouve le. Ramène le ou revient avec du renfort. Thomas s'il te plait, tu ne te fais pas trop remarquer. Sois un peu discret, tu en es capable.
Voilà quelques jours qu'il se balade. De villes en villes, récoltant des informations, rencontrant des contacts. Thomas suit un piste très pauvre. Il erre, la plupart du temps. Il se balade, de ville en ville, fréquentant les bars, les rues mal famées. Pour une fois qu'il est de sortie, il en profite. La ville éloigne le Blaireau. Il n'ose pas s'y aventurer. Il se ferait chasser, attaquer, blesser. Et c'est bien fait pour lui. Libérer de sa présence, il se laisse aller à son occupation favorite : la violence.
Ce soir, il fait froid. Le vent s'engouffre dans les vêtements, fait frissonner les piétons. Thomas se presse, il est tard mais le sommeil ne veut pas le gagner. Il ne sait toujours pas où dormir. Il voudrait juste retrouver sa chambre, son lit et sa tranquillité. Mais il ne peut pas. Il a une mission et il la remplira. C'est aussi pour ça qu'on le choisit.
Le quadragénaire pousse la porte d'un bar au hasard. Il a faim, soif, mais l'argent manque. La faim le rend nerveux. Sa gorge seiche le fait tousser. Il n'a pas mangé grand chose. L'Elu aurait pu fouiller dans une ou deux poubelles, mais il s'st résigné. Il vaut mieux que ça.
Il prend ainsi place dans le bar. Il s'accoude au zinc. « Une bière, s'il vous plait. » Il doit réfléchir. Sa piste l'a encore mené dans une impasse. Ce type est-il mort ?! Il passe son regard sur chacun des présents : une barmaid qu'il fixe quelques secondes - histoire de reluquer - quelques clients s'imbibant d'alcool et un groupe d'amis riant bruyamment. Très bruyamment. Thomas sert le poing. N'y a-t-il pas moyen de boire dans le calme ici ? Il fronce les sourcils. Sa bière tarde trop à son gout. Ses yeux clairs se posent sur le groupe d'amis. Ils se pensent seuls ici ?
La colère voile ses yeux. Sa voix se fait froide, bien qu'elle n'a pas été chaleureuse depuis son entrée. « Hey. Vous voulez pas baisser d'un ton ? Je suis pas ici pour écouter vos vies. » Il se racle la gorge, sa bière ne tarde pas. Il se désaltère. « Non mais de quoi je me mêle ? » Un des joyeux lurons, plus baraqué et plus grand que Thomas se lève. Il s'approche à quelques centimètres de l'Elu. Un sourire en coin se dessine sur ses lèvres. Bien sûr, qu'ils vont se battre. Son futur adversaire a bu et son aura le poussera à faire le premier pas. Il soutient son regard, provocateur. Ca fait quoi, deux jours qu'il ne s'est pas battu ? C'est trop long. Il doit se défouler. C'est comme ça qu'il se contrôle. « Je me mêle de ce que je veux. Et vous cassez les couilles. » Chaque mot s'extirpe de ses lèvres, lentement articulé, avec une agressivité qui fait monter la tension.
La joie quitte bien vite les lieux. Sa colère s'infiltre dans les esprits. Elle se fait une place, ravive les flammes. Un autre homme, toujours à sa place, le fixe avec insistance. Il est prêt à défendre son ami. Il va être servi. « Casse-toi. » lui dit l'armoire à glace. « Essaie toujours de me faire partir, bouffon. » siffle Thomas. Il déteste être dérangé quand il veut boire.
Tout s'accélère. L'armoire à glace serre le poing, mais Thomas est prêt. Il a l'habitude, aussi, c'est souvent la même chose. Ainsi évite-t-il facilement la première droite. Il le pousse violemment sur un autre client qui renverse son verre. Thomas rit haut et fort. Le client malheureux, galvanisé par l'aura, repousse l'adversaire de l'Elu. Bientôt, les coups pleuvent de tout côté. Alcool et capacité ne font pas bon ménage, une bagarre générale renverse les chaises et casse les verres. Le quadragénaire reçoit et donne les coups à tour de bras, il retrousse ses manches, le sourire aux lèvres. Le sang macule sa tempe, ses lèvres, ses poings. Pourquoi tu t'obstines à faire ça ? La voix du Blaireau s'insinue dans son esprit. Il l'envoie chier. Ils ne t'ont rien fait.
Si. Ils faisaient trop de bruits. Puis, hé. Il n'a pas frappé en premier.
I had a dream. I still believe... I'll be wearing the Crown.
Trois mois déjà qu’elle avait fui, trois mois durant lesquels elle avait essayé de changer de vie en quittant sa place aisée à l’Alliance pour un boulot de barmaid à temps pleins. L’écart qui se creusait entre ces deux situations semblait énorme, pourtant, elle avait cette sensation de plénitude, comme si cette nouvelle vie collait mieux à son image. Était-elle heureuse ? Oui. Elle était en vie, et surtout libre de l’être. Pour l’instant.
Mars 2019 ; Oban.
Comme chaque soir, elle servait au bar. Le patron des lieux, vivant une retraite bien mérité, avait confié à Ella l’intégralité des tâches. Et si elle les partageait bien que souvent avec une deuxième employée, serveuse, étudiante et beaucoup plus jeune qu’elle, elle restait celle qui prenait la plupart des décisions lorsque le vieillard n’était pas là.
Lorsque tu te poses au bar, elle lance un bref regard vers toi sans réellement t’apporter plus ample attention, te prenant pour un client habituel. Elle opte alors pour un verre à bière afin de t’offrir une pression comme il se doit dès ta commande passée, une fois chose faite, elle glisse le verre sur le bois du bar vers ta direction. Ella retourne ensuite rapidement à ses occupations, jetant un œil furtif en direction de la blonde qui semblait hésitante à porter un plateau rempli de boissons alcoolisées de tout genre. Destination ; ce groupe de jeunes bruyants qui t’agaçait tant. En un élan de bonté, doté d’un sourire plus que compréhensif, elle aide Alice en prenant la moitié des boissons à sa charge, mais se stoppe net en attrapant le bras de la demoiselle. Alors qu’elle avait ignoré jusqu’à présent les voix qui s’élevaient autour d’elle, Ella comprit très vite que la situation était sur le point de dégénérer lorsqu’un homme, déjà suffisamment alcoolisé, se levait pour s’approcher dangereusement du bar.
« Va dans le bureau, si ça dégénère appelle les flics. », chuchote-t-elle à l’encontre de la serveuse.
Hochant frénétiquement la tête, celle-ci obéit en s’éclipsant sans broncher. Quelle idée de laisser un bar aux commandes de deux jeunes femmes, frêles et inoffensives ? Enfin… pas tant que ça. Mais face au début de cette bagarre générale, Ella ne pouvait pas y faire grand-chose et s’interposer au beau milieu d’un combat de coqs semblait être la plus mauvaise idée qu’elle pouvait avoir. Puis, elle l’aperçut. Cette marque. Les sourcils de la brune se froncent sous l’incompréhension, avant qu’elle ne déglutisse difficilement. Un chef d’œuvre cinématographique se mettant en route dans son crâne. L’Alliance ? Elle se mord méticuleusement la langue, avant d’agir dans le but de cesser cette mascarade contagieuse. Il n’y avait plus un seul client assis. Ils se tapaient tous les uns sur les autres, et les plus sages d’entre eux applaudissaient ceux qu’ils souhaitaient voir gagner.
« HEY ! »
Tentative inutile, elle fini par attraper un tabouret, qui l'aida à grimper sur le bar pour faire porter sa voix sur l’ensemble de la pièce.
« STOP. Tournée générale pour tout le monde, offert par la maison ! Et ceux qui ne sont pas friand de cette offre bien plus qu’alléchante sont priés de dégager IMMÉDIATEMENT. »
Elle perçut quelques rires, suivis très vite d'un grand brouhaha de victoire. L’alcool plus fort que tout, ils s'arrêtèrent pour retourner à leurs places. Elle pousse un soupir las en roulant des yeux, avant de sauter au sol. D’un pas vif, elle s'avance vers toi, te faisant signe de son index de la suivre à l’extérieur pour ensuite s'y diriger.
Quel amusement, ainsi recevoir les coups, être passé à tabac par une bande de poivrots dégénérés parfois bien contents de pouvoir jouer des poings. Y a-t-il une meilleure sensation que de se lâcher complètement, laisser libre cours à sa frustration, à ses regrets, ses colères ? De les déverser sur des inconnus à coup de mandales dans les dents ? Thomas ne connait pas de meilleure sensation. « HEY ! » La serveuse ne semble pas d'accord qu'une baston générale mette son bar sans dessus dessous. C'est plutôt normal, mais le Blaireau ne compte pas en finir là. Il l'ignore, ainsi que tous les autres. Qu'est-ce que cette fille vient faire dans une telle situation ? Elle ne peut rien y faire de toute façon.
Et même si elle s'interpose, l'Elu ne manquerait pas de lui en mettre une aussi. Hé ouais, égalité des sexes mon pote. Mais elle trouve un stratagème bien plus efficace. « STOP. Tournée générale pour tout le monde, offert par la maison ! Et ceux qui ne sont pas friand de cette offre bien plus qu’alléchante sont priés de dégager IMMÉDIATEMENT. » Coriace, la donzelle. Les combattants se désintéressent de l'évènement et préfèrent se remettre à boire, avec des coups bleus, des lèvres éclatées et les yeux au beurre noir en plus.
Thomas soupire, il essuie le sang qui coule de sa lèvre. Ses mains lui font mal, un bouton de sa chemise a sauté. Mais au moins, il est content. Il s'est défoulé, sa colère s'est apaisée et a été remplacée par une légère irritation. « Toi. Dehors. Tout de suite. » La serveuse s'est approchée. Une demoiselle aux lèvres pulpeuses et à l'air énervée. Cela se comprend, au final. Elle veut le voir dehors. Pour quelle raison donc ? Il remet les manches de sa chemise blanche et enfile son trench. Avec un peu de chance, elle veut coucher avec lui. Ca fait longtemps, ça, aussi. Ca lui ferait un grand bien. Saisissant sa bière à peine entamée, il lui emboite le pas, sans un mot. Son sourire reste flottant sur son visage, d'un air tout à fait suffisant. Peut-être qu'elle veut l'engueuler pour avoir provoqué une bagarre.
Mais Thomas préfère penser qu'il va pécho, ce soir.
I had a dream. I still believe... I'll be wearing the Crown.
Elle se dirige vers la sortie, poussant la porte sans même prendre la peine de te la tenir. Elle s’avance jusqu’à se tenir suffisamment éloignée de l’entrée et à ce moment-là avant de s’arrêter, dos à toi, elle retient un souffle, la mâchoire légèrement crispée. Si tu étais là pour elle, d’autres risquaient de se pointer pour venir bouleverser sa petite vie tranquille, sa liberté. Celle qu’elle avait mit tant de temps à obtenir, mais avant ça, elle devait s’assurer que tous les scénarios qui défilaient dans sa tête étaient fondés.
Puis, elle se retourne. Accompagnant son geste avec vivacité, te collant son poing en pleine figure, évaporant par la même occasion tous tes fantasmes, avant de te prendre au col pour te repousser contre la palissade du bar. Elle n’était pas naïve et savait que sa force n’était pas suffisante à te mettre au sol, mais elle eut au moins l’audace de montrer qu’elle ne craignait rien. Ni personne. Et que la moindre menace pouvait être gérée.
« Venir foutre le souc dans mon bar est une chose, menacer mon équilibre en est une autre. Tu te fous de moi ? C’est le jour avec le meilleur chiffre d’affaire de la semaine. T’as exactement trois minutes pour m’explique ce que tu fous ici. Et je veux des détails. »
Elle te relâche avant de faire un pas en arrière, agrippant son canif qu’elle gardait soigneusement attaché à sa ceinture en cas de pépin de ce genre avant de te l’agiter sous le nez. Elle t’offre ainsi un signe de la tête en direction de ton bras, relevant ta manche à l’aide de la pointe de sa lame pour bien te faire comprendre que tu étais désormais démasqué. Elle plisse le regard, dans le but de déceler tes réactions. Au choix, elle allait peut-être s’en prendre une elle aussi. Ou alors tu allais tout simplement coopérer, même si elle en doutait.
« Tic, toc. L’horloge tourne. »
Elle redresse son faciès, soutenant tes iris des siennes, qui s’avéraient on ne peut plus menaçantes rien que pour rappeler le fait qu’elle ne plaisantait pas. Elle savait que ce jour allait arriver, elle s'étonnait même de se rendre compte que ce ne soit pas arrivé avant, mais Ella n'aimait pas être prise au dépourvue, elle appréciait avoir le contrôle sur toutes les situations. Mais là, elle n'avait pas d'autres choix que d'improviser.
Visiblement, il n'est pas près de coucher, ce soir. La douleur des phalanges de la demoiselle s'écrasant dans sa joue met un coup d'adrénaline supplémentaire à Thomas. Elle n'a pas autant de force que les autres hommes du bar, mais c'est suffisant pour le surprendre et il se retrouve collé contre une palissade. Elle a du cran, la petite. Il ne peut s'empêcher de souffler un rire, encore légèrement étourdi par le coup. « Venir foutre le souc dans mon bar est une chose, menacer mon équilibre en est une autre. Tu te fous de moi ? C’est le jour avec le meilleur chiffre d’affaire de la semaine. T’as exactement trois minutes pour m’explique ce que tu fous ici. Et je veux des détails. » Thomas hausse un sourcil. Son esprit s'est remis en place. Mais qu'est-ce qu'elle raconte, celle-là ? On ne peut plus déclencher des bagarres, maintenant ? Depuis quand ça menace le moindre équilibre, à part celui des bagarreurs ? Le quadragénaire fronce les sourcils lorsqu'elle le relâche. C'est quoi, cette comédie, exactement ? Il replace le col de sa chemise correctement en faisant aller sa mâchoire. Il ne va quand même pas se laisser brutaliser par une serveuse. Une fille en plus ! Pour qui se prend elle ?
Et la voilà qui sort un canif. Il croit rêver. Il pourrait la désarmer en quelques secondes. C'est un des premiers mouvements qu'ils apprennent, à la Confrérie. Heureusement pour elle qu'il a laissé sa batte de baseball dans sa chambre, elle en aurait perdu quelques dents. Est-ce son aura de colère qui la rend ainsi agressive ? Pourtant, il est plutôt calme, malgré le fait qu'elle sache manifestement de quel monde il fait partie. Est-ce une potentielle ? Une affranchie ? Cela l'importe peu. Il ne la reconnait pas. Peut-être le devrait il ?
De toute évidence, elle se trompe de personne. Est-elle poursuivie ? Sait-elle qu'il fait partie de la Confrérie, pense-t-elle qu'il lui fera du mal ? Drôle d'idée. Ses yeux transpercent les siens avec un air assez hautain. « Tic, toc. L’horloge tourne. » Pour qui elle se prend bordel ? Il hausse encore un sourcil. Il se décolle de la palissade et s'approche d'un pas lent en levant les mains vers le ciel en signe de reddition.
Un Blaireau n'abandonne pas.
Lorsqu'il arrive à sa hauteur, d'un geste maitrisé, il frappe du plat de la main celle qui tient le couteau pour briser sa garde. De l'autre main, bien fermée, il lui assène un coup direct pile dans le nez. Rapide, efficace. Ca fait mal, les coups dans le nez. Et ça désarçonne. Si elle pensait qu'il ne la frapperait pas, c'est raté. Tout du moins, il s'écarte, par sécurité, de quelques mètres, sans pour autant se coller à la palissade. « Maintenant, on est quitte. » Ce n'est pas si équitable que ça. Il frappe certainement beaucoup plus fort qu'elle. «Ensuite. » poursuit-il d'un air passablement irrité. « Je ne sais pas qui tu es, ni ce que tu caches, ni pour qui tu me prends. Mais je sais pas pour qui tu te crois pour penser que le moindre Elu qui pousse la porte de ton bar soit là pour toi. T'es pas seule, dans le monde, tu sais ? » Thomas lâche un très léger rire du nez. Il se masse légèrement la mâchoire. « Ce que je fais dans ton bouiboui ? Je venais boire un coup, taper des gens et me faire taper dessus. Contente ? » Cela fait un moment qu'il n'a plus parlé autant d'un coup. Il se racle même la gorge. Son menton haut, l'air supérieur, froid, il la fixe attentivement, surtout son couteau. Elle pourrait avoir envie de se venger. Peut-être se pensera-t-elle très con de se prendre pour le nombril du monde et lui proposera un verre en s'excusant ? C'est beau, de rêver. En attendant sa contre-attaque, les muscles tendus, il enfonce ses mains dans les poches de son jean, dans une posture se voulant détendue. Ca lui apprendra, à vouloir prendre du bon temps.
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